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théâtre

  • Les mouettes d'Etretat, saynète librement inspirée d'Anton Tchékhov.

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  • Genre = mini théâtre (moins d'une heure 2 personnages + voix off) ---- Style = Comédie ---- Titre = ?

    EXTRAIT:

     

     

    YFG146

    SCENE I

     

    Le rideau n’est pas encore levé.

    Une musique accordéon emplit la salle, la complainte de la butte (voir ci-dessus).

    Quand la musique s’arrête, le flic de service la remet !

     

    Le rideau s’ouvre.

     

    Fanny est assise avachie sur le banc de la cellule, à son côté, Solveig est allongée enveloppée dans son manteau de fourrure la tête couverte d’un foulard sur les cuisses de Fanny.

     

    Voix off 1 le flic : il chantonne, faux, sur la chanson, mais visiblement ne connaît pas les paroles ! petit à petit ,il fredonne, puis il va se taire ….

     

    Fanny se réveille difficilement.

    Elle est encore à demi saoule, décoiffée, du fard coule de ses yeux et son rouge à lèvres a débordé sur son menton.

     

    Elle prend maladroitement son sac qui est au pied du ‘banc – litière’ et en sort une petite glace. Elle se regarde et …

     

    F : Mon dieu c’est pas vrai la gueule que j’aie ! Ca devait être une sacrée bringue

    elle sourit …

    Dommage que j’me souvienne de rien ! Elle s’arrange tant bien que mal, à l’aide d’un mouchoir … et sort une pince à cheveux de son sac qu’elle met dans sa coiffure pour la faire tenir.

    Dommage, oui, dommage …. Voyons …. J’étais chez Béatrice … et j’avais rendez-vous …. prenant conscience de l’accordéon ….

    Mais c’est quoi cette musique ? on dirait des casseroles !

    OH ! ma tête, il me faut une aspirine effervescente … je dois en avoir …. Vite …

    Elle pose son sac sur la tête de Solveig …

     

    S : Aîe ! Puis elle se retourne et se rendort en maugréant ….

     

    F : Mais qu’est-ce que c’est qu’ça ?

    Elle la secoue un peu … puis encore …et de plus en plus fort …

    EH ! là d’dans, y’a quelqu’un ?

     

    S : Mais qu’est-ce qui s’passe ? Laissez-moi tranquille, vous voyez bien qu’il fait nuit.

     

    Elle essaie de se rendormir, mais Fanny ne lui laisse aucune chance, elle se lève et ..

     

    F :Vous vous croyez où espèce de marmotte emplumée (référence à son manteau de fourrure) ?

    Vous n’voyez pas qu’on est au poste ?

    On a dû se prendre une de ces bitures !

    Et pis d’abord, est-ce qu’on s’connaît ?

    Oh la la ça tourne ….

     

    Elle titube et décide de retirer le foulard de sur la tête de Solveig (qui tourne le dos au public).

    Mais je vous connais pas !

    Qu’est-ce que vous foutez là ?

    Pourquoi on est ensemble ?

     

    S : Hummmmm laissez moi tranquille !

     

    F : Allez, réveille-toi ‘faignasse’, j’veux savoir qui tu es et pourquoi on est là ? ….

    Elle la secoue comme un prunier jusqu’à ce que Solveig se décide à s’asseoir.

     

    S : Vous auriez pas un cachet ? …. J’ai un d’ces mal de crâne !

     

    F : Ah oui ! c’est c’que j’voulais chercher dans mon sac … Elle reprend ses investigations là où elle les avait abandonnées … et sort triomphalement une petite boîte d’aspirines effervescentes.

    Ouais ! Je savais bien que j’en avais.

    Bon, me faudrait de l’eau … Elle repère un verre et une carafe sur la petite table qui meubleun coin de la cellule. Elle met son cachet et l’eau et attend en oscillant d’une jambe à l’autre.

     

    S : Merci, c’est gentil de me le préparer.

     

    F : Dans tes rêves, ma cocotte, celui-là, c’est pour ma pomme et c’est tout !

     

    S : Vous pouvez pas me faire ça, j’ai bien trop mal à la tête …. Tiens ! je vous l’achète votre comprimé, dites moi votre prix ?

     

    F : Ah Ah Ah ! Vous ne savez pas à qui vous parlez ma cocotte, même pour un million je ne vous le vendrais pas, j’en ai bien trop besoin.

     

    Solveig essaie de se lever mais retombe sur le banc.

     

    S : Et à qui je parle ? … Moi, c’est Solveig.

     

    F : Enchantée, je suis Fanny et ce cachet est à moi et n’est pas à vendre, même pas à une …. Une …. Vous faites quoi comme job pour être attifée comme ça ?

     

    S : ‘Attifée’ ? ça veut dire quoi ?

     

    F : C’est ça, ma cocotte, paie-toi ma tronche …. C’est sûrement comme ça que je vais te refiler mon cachet !

     

    S : Oh ! et puis cessez de m’appeler ‘ma cocotte’, je ne suis la ‘cocotte’ de personne, je suis duchesse, si vous voulez le savoir et je ne vois pas non plus ce que je fais en compagnie d’une … d’une … ‘attifée’ ! (Elle dit tout ça non sans beaucoup de condescendance et de une pointe de dédain)


    F : Attifée, ça veut dire ‘arrangée’, ou ‘fringuée’ si tu préfères, madame la comtesse ! (Évidemment, elle lui rend son temps hautain)

     

    S : Non, Duchesse, pas comtesse, mais ça n’a vraiment aucune importance, vous pouvez m’appeler ‘Solveig’ tout simplement. (Elle a pris un ton beaucoup moins hautain dans la deuxième partie de sa phrase)

     

    F : Mais c’est pas possible cette musique ….. elle crie …. Eh ! gardien ! vous pouvez baisser le son, s’il vous plaît, on a un de ces mal de crâne !!!!!

     

    Voix off 1 : Qu’est-ce ké zon les pochardes ! ? Quand on picole c’est normal d’avoir le casque à pointe à l’envers le lendemain !

    Le son baisse. Mais la chanson continue de tourner en boucle ….

    Les deux femmes commencent un peu à dégriser …. Fanny avale son cachet et …

     

    F : Oh la la ! c’que ça fait du bien Elle rote !

     

    S : God bless you ! un silence …. Dites, vous n’auriez pas un cachet pour moi, s’il vous plaît ?

     

    F : Ah ! je vois que madame la baronne a besoin du tiers état ! Elle regarde Solveig et devant sa mine déconfite, elle finit par craquer … Allez, va, je vais vous en préparer un, faites plus cette tête là, bouder, ça enlaidi ! et elle lui met un cachet dans le verre …. Et ira le lui porter.

     

    S : Merci, vous êtes gentile.

     

    F : Attention, hein ! gentille, mais pas bonne ! C’est pas parce que je suis de la roture que vous me traiterez en bonniche !

     

    S : Non, pas du tout, je suis sincère ….

    Vous ne m’avez pas dit ce que vous faites dans la vie ?

     

    F : Je suis trader.

     

    S : Trader ! ? Je croyais que c’était un métier pour homme ?

     

    F : Oh ! je vous rassure, y’a aussi des hommes …. Vous savez ce que c’est comme métier ?

     

    S : Trader, c’est à la bourse, des personnes qui parlent avec les mains et qui s’envoient des petits bouts de papiers pour acheter ou vendre des sociétés ou des actions, plutôt ….. c’est bien ça, non ?

     

    F : Ah ah ! vous êtes marrante. C’est fini ce temps là ! les bourses ont été dématérialisées depuis belle lurette et tout se passe via des réseaux privés, sortes d’internet sécurisé.

     

    S : Je devrais le savoir, moi qui vit sur mon capital.

     

    F : Vous voulez dire que vous vivez de vos dividendes ?

     

    S : Oui, je suis actionnaire majoritaire et PDG d’une industrie textile, en fait la plus grosse d’Italie.

     

    F : Tela di seta  ?(toile de soie - NDL)

     

    S : Si. Lei sa ? …… devant l’air interrogateur de Fanny, elle traduit …vous connaissez ?

     

    F : Plutôt, oui, il circule les rumeurs les plus folles dans les salles de marchés sur ce groupe.

     

    S : Vous m’inquiétez, quelles sont ces rumeurs, j’ai le droit de savoir ?

     

    F : Vous n’avez personne pour vous conseiller avec une telle fortune ?

     

    S : Mais si, bien sûr, mon cousin Tizziano, il est mon homme d’affaires et il s’occupe de tout.

     

    F : Tizziano Seccuzi ?

     

    S : Si !

     

    F : Aïe !

     

    S : Mais quoi ! ? Dites-moi, vous me faites mourir de peur, expliquez moi ?

     

    Fanny n’a visiblement pas l’air enthousiasmée pour raconter …

     

    Voix off 1 le flic : Ouais ! C’t’à quel sujet ?

     

    Voix off 2 femme : Je viens d’être violée, là, dans la rue, à quelques mètres du commissariat, j’ai été attaquée par deux hommes et après m’avoir obligée à les …….. sucer, ils m’ont violée, j’vous dis, vite, il faut les rattraper …

     

    Voix off 1 le flic : Ah Ouais ! Pourquoi ? y zon oublié de te payer ?

     

    Voix off 2 femme : C’est pire que ça, il m’ont piqué mon sac avec mes papiers et ma soirée dedans !

     

    Voix off 1 le flic : Ouais ! Ben t’as qu’à porter plainte.

     

    Voix off 2 femme : C’est pour ça que je suis là, mais si vous les rattrapez, il est peut-être pas trop tard …. Vite ….

     

    Voix off 1 le flic : Ouais ! Ben faudra revenir demain, je suis seul ici et j’ai deux dangereuses prisonnières que je peux pas quitter des yeux.

     

    F : C’est nous les « dangereuses prisonnières » ?

     

    Voix off 1 le flic : Ouais ! Ben taisez-vous les pochardes, on vous z’a pas sonnées !

     

    Voix off 2 femme : Alors vous faites rien pour moi ! ? Je viens là porter plainte pour viol et vous vous me dites tranquillement, comme si de rien n’était de revenir demain … c’est ça la police, hein ? … J’vous cause ! ….

     

    Voix off 1 le flic : Ouais ! Ben si tu continues, je vais te mettre en cage avec les pochardes, c’est ça qu’tu veux ?

    Un silence ….. la femme grommelle des borborygmes incompréhensibles « rotegneugne » puis …..

    C’est ça, adieu ! … Non mais ! C’est pas à la Samaritaine, ici !

     

    Les deux jeunes femmes restent coites, interloquées par l’interruption surréaliste.

     

    FIN SCENE I