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  • Mémoires anthumes pour une oraison posthume.

     

     

    Mémoires anthumes

    pour une oraison posthume.


    (Sketch pas drôle mais surprenant - j'espère - à l'attention de Melissa .... ou de qui veut !)

     

     


    Là, telle que vous me voyez, je reviens d’un enterrement.  Silence ….

     


    Non, non, je ne suis pas triste, je ne connaissais pas le mort. Silence ….

    Du moins, c’est ce que je croyais ….

     

     

    Figurez-vous que je passais, par hasard, rue de la Pompe - petit silence / si personne ne le dit dans la salle, ajouter – « funèbre » …. Oui, je ne pouvais pas la louper, celle-là !

     

     

    Donc, j’étais rue de la pompe lorsque je vois passer un corbillard ….

     

     

    Oh ! ce n’était pas une de ces voitures modernes avec vitres teintées, petites tentures et fleurs blanches sur le capot dont Brassens prétendait qu’ils peuvent faire des petits ! …

     

     

    Non, c’était un corbillard à l’ancienne, un genre de carrosse en bois et roues ferrées, avec un baldaquin sous lequel on pouvait apercevoir un cercueil reposant sur une espèce de gros coussin gris qui semblait apporter un confort bien tardif au ‘de cujus’ … petit silence … un ‘de cujus’, c’est un autre mot pour dire ‘mort’.

     

     

    Et ce carrosse, figurez-vous, était tiré par quatre gros chevaux noirs avec un plumeau noir sur la tête qui leur donnait un air très solennel.  petit silence ….

    Ils avaient fière allure !

     

     

    Mais ce n’est pas tout... petit silence ….

     

     

    Figurez-vous que ce carrosse était suivi par une longue file de femmes toutes en robes longues noires, en pleurs, le visage couvert d’une voilette de crêpe noir …  et de messieurs en frac avec chapeau haut de forme qui avaient la tête posée sur leur poitrine en signe de tristesse.  petit silence ….  Petit sniff du nez ….

     

     

    Alors, forcément, je n’ai pas pu me retenir de les suivre ….  commencer à marcher les mains dans le dos, l'air prostré .... et triste ...

     

     

    Après une demi-heure, je me suis rendue compte que des tas de personnes de toutes qualités, de tous sexes et de tous âges avaient fait de même et suivaient le cortège, en silence ….. Ils rejoignaient le cortège au fil de ses pérégrinations et de son parcours hiératique et anarchique …

     

     

    Nous avons marché jusqu’au père Lachaise. petit silence ….

     

     

    Oui, ça fait un sacré bout de chemin, mais quand on aime …..  petit silence…

     

     

    Arrivé au carrefour avec le boulevard Voltaire, un orchestre style New-Orleans - vous savez avec trompettes, banjos, castagnettes et hélicons et aussi des chanteuses et chanteurs qui dansent en zigzaguant de droite à gauche de la rue et en psalmodiant du blues ... très triste et très beau  – s’est mis en tête du cortège ….. petit silence  ….

     

     

    C’était surréaliste.

     

     

    La file, derrière moi, s’étendait à perte de vue et nous tenions tout le boulevard Saint Martin, y compris les trottoirs.

     

     

    Le plus surprenant, c’est quand nous sommes passés devant le père Lachaise sans nous arrêter ! petit silence …

    Je me suis dit qu’il y avait comme un hic !

     

     

    Nous avons continué jusqu’au Quai de Bercy et la fanfare s’est soudain arrêté de jouer ….. là, juste sous les fenêtres du ministère des pertes et dépenses inutiles …..

     

     

    Pas un mot, rien, le silence total, comme si Paris venait de mourir.

     

     

    Je me suis mise à pleurer silencieusement … et puis j’ai tout compris !

     

     

     

     

    J’étais à l’enterrement de

    la  défunte  retraite

    et tous ces gens étaient venus,

    eux aussi,

    pour un dernier adieu !