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Livre - Page 2

  • Les élites regardent les gens d'en bas avec dédain et condescendance !

     

    J'ai longtemps cru qu'il fallait éduquer le peuple, mais ce sont les artistes qu'il faut éduquer.

    Tant que les artistes seront des produits de marketing, le peuple s'en détournera !

    La loi hadopi ne fait que retarder leur disparition.

    Ils peuvent toujours mettre tous les remparts qu’ils veulent autour d’eux, cela ne palliera jamais leur misérabilisme.

    On ne remplace pas le talent par des lois.

    Je me réjouis, personnellement de la décrépitude du monde des arts, c’est la réponse du peuple à l’élite et HURLER qu’on a du génie, c’est du bruit pour rien.

    Certains privilégiés bénéficient de promotions exorbitantes sur les radios et les télés ….. mais ils continuent de s’enfoncer.

    La CNC distribue généreusement 565 millions d’euros aux amis des amis et malgré cela, le cinéma est mort.

    La dictature de l’argent ne se nourrit que d’argent …….  C’est l’histoire du roi Midas et de ses longues oreilles …… l’argent ne nourrit pas.

    Acheter des encarts publicitaires  peut donner le change un moment, mais le filon finit par s’épuiser des deux bouts : lassitude du public et ruine du commanditaire.

    Ce n’est pas la qualité des textes qui est mise en cause, c’est son objet.

    Quand on se croit au dessus des autres, on ne peut les entendre, et on ne peut les représenter.

    Quand les politiques redescendront sur terre, ils seront particulièrement surpris de voir l’état du peuple !

    Quand les artistes et les philosophes rejoindront le peuple (je ne parle pas de ce bouffon de Onfray qui enseigne Kant à des vieillards délabrés et béats d’admiration crédule), ils seront stupéfaits de constater la richesse intellectuelle des petites gens et l’ironie crasse dont ils sont les sujets.

    Si Villon venait passer ses vacances sur terre, il serait effaré, puis, reprenant ses esprits, et puisant son inspiration de la foule, il nous chanterait notre connerie dans le tuyau de l’oreille jusqu’à nous faire péter le tympan.

  • Début de scénario (BD ou ciné)

     

    Le Seigneur des mers

     

    Les loups efflanqués rodaient autour de la ville par cette nuit d’hiver glacée et blanche de l’an mille trois cent vingt quatre.

    On pouvait voir leurs silhouettes faméliques se découper à contre-jour dans la lueur blafarde du halo de la lune.

    Malgré leur extrême maigreur, ils chassaient en meutes et mieux valait ne pas se trouver sur leur route, ils étaient si affamés qu’ils ne montraient plus la moindre prudence vis-à-vis de l’homme.

    Un cri de bête déchira la nuit gelée. Quelque biche ou daim allait emplir les panses de loups qui s’entredéchireraient ensuite pour la carcasse en lambeaux.

     

    A l’abri des remparts, maladroitement restaurés, de la ville close, abandonnée par la plupart des habitants après l’attaque des soudards du marquis de Landevin, seigneur des terres voisines de celles de Kergalaven, les quelques survivants s’étaient réfugiés dans le manoir éventré et avaient calfeutré tant bien que mal le salon, pièce centrale de la bâtisse où flambait un feu anémié de planches trop humides pour brûler ardemment.

    Ils étaient assis, les uns contre les autres pour éviter de perdre leur chaleur, enveloppés de houppelandes lacérées.

    Ils n’avaient rien mangé depuis deux jours et n’avaient presque plus d’eau.

    Un chaudron de fer avait été pendu à la crémaillère de l’âtre, un peu d’eau y bouillonnait.

    C’est qu’on attendait un évènement proche, une naissance, cette naissance qui avait empêché la famille et ses serviteurs de partir avec les autres.

    Marie-Mathilde de Kergalaven souffrait en silence les contractions qui lui labouraient le ventre.

    Il avait du retard, ce bébé.

    Fille ou garçon, cela ne l’intéressait plus vraiment, tout ce qu’elle espérait c’est qu’il sorte et que cessent ses douleurs. Le comte Erwan de Kergalaven serrait les mains de son épouse dans les siennes pour les réchauffer.

    Une bourrasque fit un retour de fumée qui envahit la pièce et fit tousser les personnes recroquevillées sur elles-mêmes.

    Une seule bougie, en sus du faible feu, éclairait sombrement la pièce.

     

    Soudain, une agitation se fit et une main blanche de froid alluma une seconde, puis une troisième bougie. Le chaudron fut vidé de son eau dans une écuelle en bois, et juste à ce moment là, un petit cri suivi d’un pleur emplit le salon délabré.

     

    Colin-Matignon de Kergalaven venait de naître.

     

    **********

     

  • La poésie est-elle faite pour être lue ou pour être entendue ?

    Voici ce que Voltaire en pensait :

     

     

     

    Voltaire Correspondances choisies – Livre de poche 1990

    p. 92 lettre à Louis Racine 14 mai 1736

    Extrait …..

    Je ne sais pas si quelque abbé Pellegrin ou quelque misérable puriste s'est donné l'attention ridicule de rechercher s'il y avait là un i grec; ce que je sais, c'est que le vers et non la rime est très répréhensible. Le feu du cœur"d'un amant comparé à l'embrasement de Troie est un concetto digne du Marino. Il eût mieux valu faire rimer hallebarde avec miséricorde.

    Vous m'allez répondre qu'il faut penser juste et rimer de même et que c'est ainsi que vous et votre illustre père en usez presque toujours. Illa debuit facere et ista non omittere, et je vous répondrai toujours qu'il faut rimer uniquement pour les oreilles, et que si on rimait pour les yeux paon oiseau rimerait avec mouton.

    Pauvres barbares que nous sommes qui du mot augustus avons fait le mois d'août, qu'on prononce ou, à quoi le ferons ­nous rimer?

    Il y en a cent autres exemples.

    C'est cette malheureuse contrainte qui fait dire à toute l'Europe que nous n'avons point de poètes, car le langage du théâtre où les Français ont excellé n'est point la véritable poésie, et les épîtres de Despréaux sont de la raison rimée sans imagination et sans beaucoup d'esprit et de grâces.

    Quelle profusion d'images chez les Anglais et chez les Italiens! Mais ils sont libres, ils font de leur langue tout ce qu’ils veulent.